Visite chez le tabacologue : comment ça se passe

Sandra, 33 ans, a décidé d’arrêter le tabac. Ayant besoin d’aide, elle prend rendez-vous avec un tabacologue hospitalier. Récit de sa première consultation.  

16 heures, hôpital d’Argenteuil

Je n’étais pas pressée, mais j’ai accepté le premier rendez-vous disponible, quinze jours après mon appel. Le jour J, je suis partagée entre le désir de relever un défi et le regret de renoncer à un plaisir irremplaçable depuis 14 ans…

Plusieurs personnes sont dans la salle d’attente, certaines comme moi n’ont pas l’air malades, d’autres toussent. Une infirmière m’inscrit et me remet un gros dossier à remplir.

16 h 10, seule devant ma copie

Je m’attelle à la tâche et réponds à des questionnaires tous azimuts : situation professionnelle, démarche personnelle m’ayant conduite ici, antécédents médicaux, traitements passés et en cours.

On s’intéresse aux éventuels dégâts liés au tabac (maladie respiratoire…) et à ma personnalité. Mes habitudes tabacologiques sont ensuite passées au crible. J’avoue fumer vingt à trente cigarettes par jour, la première tout de suite après mon petit déjeuner, ma cigarette préférée étant celle d’après déjeuner… Je mentionne aussi mon mode de vie (activité physique, habitudes alimentaires… dont mes rapports à l’alcool). Mon stylo entoure des chiffres et coche des cases pour évaluer notamment mon niveau d’anxiété. Pour finir, je confie mon histoire avec le tabac (l’âge de ma première cigarette, mes tentatives d’arrêt du tabac…) et mon degré de motivation à me séparer de cette drogue.

16 h 40, je suis appelée par le médecin

Ce travail juste achevé, le tabacologue me reçoit. C’est une femme, qui me demande d’emblée si les questions ne m’ont pas posé trop de problème. Je réponds par la négative, ce qui n’est apparemment pas le cas de tout le monde ! « On va mettre tout sur la table et faire le bilan ensemble », me dit-elle en s’emparant de mon dossier.

Je me sens moins seule et déjà épaulée. Question par question, le médecin décortique mes réponses tout en commentant mes résultats, mais sans porter le moindre jugement. Elle prend le temps de m’expliquer les dangers du tabac et les bénéfices attendus du sevrage. J’avais déjà essayé de me motiver d’arrêter en achetant des patch nicotine sans ordonnance, que j’avais soigneusement rangés dans mon placard… pour ne jamais les utiliser.

Suit un temps d’examen : elle s’assure que j’ai fait une radio des poumons récemment, inutile de m’en prescrire une. Et elle procède à quelques dosages. Je souffle dans un « CO testeur », appareil de mesure du taux de monoxyde de carbone. Mon résultat de « 25 particules par million » reflète le nombre de cigarettes fumées entre mon réveil et ma consultation. Impossible de nier, j’en ai bien fumé 15 !

En pratique, le monoxyde de carbone a pris la place de l’oxygène dans mes poumons et mon sang ! Un deuxième chiffre affiche mon taux sanguin, un peu élevé, de carboxyhémoglobine. Traduction : mon manque d’oxygène fatigue mon cœur.

A l’arrêt du tabac, ces chiffres vont se normaliser en 24 heures. Un argument motivant… Le diagnostic arrive.

« Vous avez une dépendance pharmacologique moyenne, exigeant une prise en charge médicale » m’annonce-t-elle. Bonne nouvelle, ma forte motivation va jouer en ma faveur, même si je manque de confiance en moi. Le médecin me prescrit un traitement substitutif nicotinique sous forme de patch de 21 mg, à poser sur la peau et à changer chaque jour.

Objectif : combler l’état de manque, diminuer ma frustration et le risque d’anxiété. En fait, compenser le besoin de nicotine sans risque de remplacer une dépendance par une autre. Si, malgré cela, je craque, des gommes nicotiniques à la menthe forte que j’ai pu goûter durant la consultation pourront m’aider.

Autre roue de secours, le nicorette inhaleur, un embout en plastique où est placée une cartouche de nicotine, à sucer en cas de violente envie de fumer ! Plus rassurant encore, je suis invitée à téléphoner si je ne tiens pas le coup.

17 h 25, départ pour une vie sans tabac ?

Me voilà en route pour six mois de traitement, mais un prochain rendez-vous est fixé dans trois semaines… Je suis un peu sonnée par cette longue consultation. Je repars avec un programme précis, une ordonnance, les numéros à joindre, y compris celui de ce médecin, des documents sur le tabac, et même… des recettes de cuisine pour ne pas grossir.

Pour vous aider à arrêter :

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here