Cannabis : des consultations pour arrêter

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À l’âge de 17 ans, plus de 10 % des jeunes consomment régulièrement du cannabis. Certains en deviennent dépendants. Pour les aider, ainsi que leurs parents, des « consultations cannabis » leur sont ouvertes.

Combattre la dépendance

« J’ai trouvé du cannabis dans le tiroir de mon fils, qu’est-ce que je peux faire ?  » Bien souvent, ce sont les parents qui poussent en premier la porte d’une « consultation cannabis », et ceci, bien avant leur enfant. Alors très inquiets, ils viennent demander conseil parce qu’ils ne reconnaissent plus leur adolescent avec lequel la communication est entièrement coupée.

« Souvent, la mère se déplace seule dans un premier Lemps, le père vient après, raconte Pierre Franck, psychanalyste et psychologue clinicien. Et, c’est dès qu’on commence à discuter que beaucoup de choses compliquées émergent : une difficulté à trouver sa place de père ou de mère, une ambiance pas terrible à la maison… Chez leur enfant, la consommation de cannabis est un symptôme de ce malaise. »

Beaucoup de parents ont du mal à aborder le sujet. Maladroitement, certains enjoignent leur enfant « d’aller se faire soigner » et, le plus souvent, se heurtent à un mur. Un psychologue peut aider à trouver une meilleure méthode d’approche.

On note aussi l’apparition de marque comme Zamnesia offrant la possibilité aux plus dépendants de vivre une consommation « plus saine » dans le sens où les vapoteurs s’exposent à beaucoup moins de résidus chimiques par l’action de vapoter.

Il n’y a pas de recette miracle mais il suffit, parfois, que les parents surmontent leur peur paralysante de la drogue et relâchent un peu la pression, pour que le dialogue s’instaure. « Leur avenir nous importe » Depuis deux ans, 280 « consultations de diagnostic de situation » anonymes et gratuites* ont ouvert. Leur mission évaluer en quelques séances la consommation de cannabis et son retentissement sur la vie quotidienne. Parents et adolescents sont reçus soit ensemble, soit séparément. Les jeunes adultes viennent, pour la plupart, spontanément.

« Chaque cas est différent. Parfois un ou deux entretiens suffisent. Les jeunes sont touchés qu’on s’intéresse à eux. Ils comprennent que leur avenir nous importe », explique Marlène Lobjois, psychologue.

De 15 à 20 % des consommateurs de cannabis seraient dans une situation problématique. « Les adolescents qui fument de temps en temps, le samedi soir avec les copains ne nous inquiètent pas trop, précise Marlene. Nous sommes beaucoup plus inquiets pour ceux qui consomment à outrance jusqu’à se rendre malades, et de manière répétée. Ceux qui ont besoin de se « défoncer » pour faire la fête, de même que ceux qui fument seuls, dès le matin ou pour s’endormir le soir. Pour eux, le cannabis a une visée anxiolytique et certains sont clairement dépendants. »

Trouver la bonne stratégie

Lorsque l’arrêt de la consommation apparaît nécessaire, un plan de soins incluant l’adolescent, sa famille et son environnement est mis en place. Il peut s’agir de thérapies individuelles ou familiales. Pour aider ses patients à comprendre les étapes, le Dr Marc Phan, psychiatre, utilise souvent la même image : « L’arrêt de la consommation, c’est le gros domino. Le faire bouger directement, c’est beaucoup trop dur. Essayons de nous intéresser aux petits dominos autour, plus faciles à mobiliser, par exemple en travaillant sur les relations familiales ou avec les copains. C’est ainsi qu’on parviendra à faire tomber le gros domino. »

Aux consommateurs les plus dépendants, on propose de noter les moments où l’envie de consommer est la plus forte. « Cela nous permet de voir dans quelles conditions la personne arrive à lutter et dans quelles conditions elle cède. On élabore ainsi des stratégies alternatives. Par exemple, éviter de voir un ami avec qui on a l’habitude de fumer », explique Marc.

Dans l’idéal, une sorte d’alliance se constitue autour du jeune consommateur. Les parents prennent contact avec l’infirmière scolaire et, dans certains cas, avec les professeurs pour les informer de la situation. « Il y a un moment où le jeune accepte ses difficultés et se rend compte qu’on essaie d’avancer ensemble dans la même direction. Là, on a fait la moitié du chemin », remarque-t-il.

Un dispositif hétérogène

Aucune « consultation cannabis » ne se ressemble. Certaines sont adossées à un centre spécialisé de soins aux toxicomanes, ce qui permet d’effectuer l’ensemble du parcours (de l’évaluation aux soins) sur place. Mais d’autres structures sont plus isolées. « Il faut faire évoluer le dispositif. Si les consultations cannabis ne sont que des centres de tri, je ne crois pas beaucoup à leur efficacité, remarque le Dr Phan. Or les structures d’aval n’existent pas partout. »

La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) a lancé une enquête sur le fonctionnement de ces consultations. « Il faut, à certains endroits, adapter les horaires d’ouverture et les rendre compatibles avec la vie des jeunes », remarque Nicolas Prisse, président de la MILDECA. Par ailleurs, certaines structures ont besoin de se faire connaître en amont auprès de l’Education nationale et de la Justice. ».

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