Cannabis : démêler le vrai du faux

Ce qu’il faut savoir et faire savoir sur les effets du cannabis sur notre santé. En France, on estime à 35 000 par an le nombre de jeunes qui deviennent toxicomanes. En fait, ils sont une centaine à tomber chaque jour dans le piège de la drogue. Mais, au-delà des chiffres, il s’agit toujours d’une terrible souffrance destructrice pour celui qui la vit et pour tout son entourage. A commencer par sa famille.

Point de départ dans 95 %  des cas de toxicomanie sévère : un premier “joint” rapidement suivi d’un deuxième, puis d’un troisième… et c’est l’engrenage. D’où l’extrême importance de ne pas banaliser à outrance le cannabis sans cependant dramatiser.

Et pourtant, des stars de renom, du showbiz ou du sport, appréciées par les jeunes, en font régulièrement l’apologie tandis qu’à l’autre bout de la chaîne des associations spécialisées et des médecins se battent pour sortir les toxicomanes de l’enfer. Pour prévenir plutôt que pour guérir, nous avons donc essayé de faire le point.

Et, en tout premier, savoir distinguer, de manière scientifique, le vrai du faux.

Le cannabis est une drogue douce.

FAUX. Il n’y a pas de drogues “douces” et de drogues “dures”, Il n’y a que des drogues plus ou moins rapides.

Le cannabis fait partie des drogues à action lente, d’autant plus insidieuse dans ses effets.

II crée seulement une dépendance psychique.

FAUX. Il n’existe qu’une seule et même dépendance physique aux drogues créée par la fixation de la molécule toxique sur les récepteurs des cellules cérébrales et le blocage de ceux-ci avec perturbation de l’action des neurotransmetteurs biologiques endogènes.

Il y a en fait confusion avec les effets de la dépendance qui peuvent être à dominante physique ou psychique. A noter que les effets psychiques sont plus graves, car ils entraînent des troubles du comportement et la destruction progressive et insidieuse de la personnalité.

II est plus dangereux pour les fonctions respiratoires que le tabac.

VRAI. L’usage excessif du “joint” (5 à 10 par jour) peut donner, en un an, des sinusites et bronchites chroniques qu’un fumeur de tabac de 2 à 4 cigarettes par jour connaît en 5 à 10 ans. Il est dix fois plus prédisposé à avoir un cancer du poumon ou aérodigestif.

Le tabac peut tuer. Un garçon qui fume son paquet de cigarettes par jour à partir de 15 ans peut mourir d’une maladie cardiaque à 50 ans ou d’un cancer du poumon mais, entre-temps, il aura une vie affective, professionnelle et sociale normale. Alors que le jeune qu’on “embringue” dans le cannabis aura une vie de galère à partir de 15-18 ans.

II est moins nocif que l’alcool

FAUX. L’alcool a une durée de vie de 6 heures dans le sang. L’élimination du cannabis est beaucoup plus longue. Quatre jours après avoir fumé un “joint”, il y a encore 50 % du produit dans l’organisme. Au bout de 8 jours, il en reste 25 %. Ce qui veut dire qu’un fumeur régulier (1 ou 2 joints par semaine) accumule le produit qui se stocke dans les tissus, y compris le cerveau. Cela explique que 14 à 17 % des accidents de la route des jeunes de 18 à 25 ans sont dus à l’ivresse cannabinique, plus forte que celle de l’alcool.

Le cannabis est un problème “psy”.

FAUX. La toxicomanie touche tout le monde. Ceux qui ont des fragilités psychologiques et ceux qui n’en ont pas.

Les riches comme les pauvres. Les enfants de familles unies comme de familles séparées. Les catholiques comme les protestants, les juifs ou les musulmans.

La drogue entraîne des troubles psychiques, certes. Mais les troubles psychiques ne sont que la conséquence de la drogue. Et non la cause. Avant d’être un délinquant, le toxicomane est surtout un malade qu’il faut soigner.

Il n’a aucune conséquence sur la sexualité.

FAUX. Chez l’homme, le THC, principe actif du cannabis, peut provoquer une diminution du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes en proportion de l’intensité de son usage.

De plus, il entraîne une réduction progressive du niveau des hormones mâles produites. Ce qui explique l’impuissance sexuelle qui frappe les fumeurs excessifs après plusieurs années.

Chez la femme, le cannabis peut entraîner une altération de l’ovulation. De plus, il est toxique pour le fœtus. La femme enceinte qui continue à fumer du cannabis met au monde un enfant de poids et de taille inférieurs à la moyenne. Pour les deux sexes, il y a le risque sournois d’induire une altération de l’ADN des chromosomes porteurs du message génétique, phénomène aux conséquences imprévisibles.

Il a une action néfaste sur le système immunitaire.

VRAI. Il est la porte ouverte aux infections. Le THC provoque l’inhibition de la reproduction des lymphocytes, cellules blanches du sang portant des anticorps permettant à l’organisme de lutter contre les maladies infectieuses. Chez le sujet normal, 5,9 % des lymphocytes sont en constante division de reproduction ; chez l’usager de cannabis, ce pourcentage tombe à 2,3 %.

II ralentit les fonctions intellectuelles.

VRAI. Absorbé en petites quantités, le cannabis engendre un véritable effet euphorique et rêveur, et un appétit ouvert. Les perceptions auditives et visuelles peuvent être modifiées.

En revanche, en consommation régulière, on peut constater une altération du comportement et des fonctions psychiques. Le sujet perd son “self control”, le sens du réel, la notion de temps et d’espace.

Le cannabis altère l’équilibre délicat existant entre le centre du plaisir (cellules limbiques) et le centre de la volonté (néocortex). Ce qui explique le ralentissement de l’intérêt intellectuel, une certaine indifférence, l’éloignement de la vie sociale, des périodes d’euphorie mêlée d’agressivité suivies de périodes d’apathie et de dépression de plus en plus longues. Il entraîne aussi des troubles de la mémoire.

Un des premiers symptômes du fumeur de cannabis est la conjonctivite.

VRAI. Le cannabis donne des conjonctives rouges et des pupilles dilatées. Ce qui explique que certains jeunes se mettent à porter des lunettes de soleil. Y compris 1e soir. Parallèlement, leur comportement se modifie.

Ils changent la façon de se vêtir, trouvent de nouveaux amis – qu’ils ne ramènent pas à la maison -, ont des crises de fou rire et de déprime ou de larmes (sans raison valable), leur intérêt scolaire diminue ainsi que leurs notes. Dans ces circonstances, il ne faut pas hésiter à aborder le problème avec eux.

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